Pretty walked away with the Newcomer of the Year prize last week ahead of a glitzy handover ceremony to be held in October at Hamburg’s Elbphilharmonie.
Echo Klassik is one of the most renowned classical music awards in the world‚ with some of the biggest names in the genre being honoured each year at a swanky gala event.
Pretty described the win as “a dream come true” and told her social media fans that she was honoured to have her debut album‚ A Journey‚ rated so highly by one of the global authorities on classical music.
“This is truly a dream come true for me‚ I am beyond honoured to receive the Newcomer of the Year Award from Echo Klassik. I am thrilled that my debut album has afforded me the thrilling luxury to be recognized by Echo Klassik‚” she said.
The award comes two months after Pretty was honoured with a 2017 International Opera Award for Best Recording – Solo Recital for the same album.
C’est la nouvelle star africaine du chant, plus précisément d’Afrique du sud, le reste du continent demeurant terre de mission pour la musique classique. Après Pumeza Matshikiza voici Pretty Yende. La jeune femme, qui a déjà chanté en France, clôturait la saison du Théâtre des Champs-Elysées.
YENDE ET LE BEL CANTO
Elle apparaît dans une imposante robe framboise avec des incrustations gris-vert, assez XVIIIe siècle moderne, elle est plus grande que le chef, Quentin Hindley. On cherche évidemment les différences avec Matshikiza: celle-ci est peut-être davantage dans le grand répertoire des sopranos mais aussi dans l’exploration de ses racines, Yende montrant un goût pour le bel canto, malgré une incursion dans “Carmen” (en Micaëla) ou Pamina (“La flûte enchantée”): pas si éloignées finalement l’une de l’autre. Son récital insistait d’abord sur le bel canto, mais plutôt côté vocalises: Rossini, Bellini, Donizetti. Pas Verdi, qu’elle ne chante guère pour l’instant. Puccini n’est pas encore très présent, sinon Musetta dans “La Bohème”, tessiture très haute, mais Yende a de sacrés aigus, même si parfois ils lui échappent.
Elle commence d’ailleurs par un air du “Comte Ory” de Rossini, l’air d’Adèle, “En proie à la tristesse” C’est assez gonflé d’inaugurer un récital comme cela car c’est un air redoutable, et, comme souvent dans le bel canto, partagé en deux, début lent, de méditation ou de douleur (marqué ici “agitato” car la pauvre Adèle, veuve inconsolée, lutte contre un amour inavouable), puis cabalette, où elle accepte enfin lesdits sentiments, ce qui se caractérise par des vocalises… funambulesques.
C) Gregor Hohenberg pour Sony Classic
VOIX LEGERE ET AGILE
Le matériau est très beau. La voix, légère et agile, est très souple, ce qu’il faut dans cette musique-là. Mais il y a peut-être une erreur de placement dans le déroulement du concert, l’air devrait venir un peu plus tard: les vocalises, très difficiles, ne sont pas toujours parfaites, les aigus sont parfois criés, la projection perfectible. Quelques hésitations, des notes un poil trop hautes ou trop basses: on ne sait trop quoi penser. Dans la cabalette, qui est vraiment le moment virtuose, avec des aigus redoutables, Yende s’est un peu chauffée, elle est de plus en plus à l’aise, même si on a peur pour elle, surtout le passage aux vocalises dans le médium sur un ambitus (largeur de la tessiture) serré, accumulant les demi-tons. On respire enfin. Elle aussi sans doute.
UNE ROSINE QUI S’AMUSE
L’air suivant, toujours de Rossini, est le fameux “Una voce poco fa”, du “Barbier de Séville”. Après une introduction rythmiquement bizarre, le chant se déploie, un chant qui a des graves puisque le personnage de Rosine est souvent dévolue à une mezzo. Cela prouve aussi l’étendue de la tessiture de Pretty Yende et comme, en Rosine, elle s’amuse beaucoup, comme ses vocalises, cette fois, sont aussi faciles que délicieuses, on passe un moment absolument charmant.
Elle poursuivra avec un air peu connu de Bellini, tiré de cette “Béatrice de Tende” qui, au vu de l’histoire, est un effroyable mélo. La douce et pure Béatrice, qui ne soupçonne pas encore son déplorable destin, se contente dans ce “Respiro io qui…Oh! mie fedeli!” de se plaindre de l’indifférence de son mari et de la triste existence où il la confine. Après un prélude qui sonne entre “jeune Verdi” et musique militaire, voici une introduction pleine de sentiment, chantée d’une voix claire, là aussi pas toujours à la note mais où les quelques imperfections techniques n’empêchent pas l’émotion de nous gagner, avant une cavatine exemplaire. Mais ce n’est pas le morceau le plus inoubliable qu’on ait entendu.
Il faudrait parler aussi de cette habitude désormais ancrée dans ce genre de récital, où l’interprète s’éclipse pour laisser place à des interludes orchestraux qui ressemblent trop souvent à du remplissage. Ce n’est pas la faute de l’orchestre de Picardie qui se débrouille plutôt bien ni du chef, Quentin Hindley, aussi attentif à sa chanteuse qu’à l’énergie de sa battue, histoire de ne pas nous alanguir entre les visites de Yende. Son ouverture du “Barbier de Séville”est bien enlevée, dirigée avec goût, mais les percussions sonnent un peu bastringue. Le prélude de “Béatrice de Tende” n’est pas très passionnant mais il est en situation. “Le dernier sommeil de la Vierge”, prélude symphonique d’un oratorio de Massenet, avec son morceau de violoncelle solo, sonne très musique française mais je l’ai déjà oublié. Quant à l’ouverture de “Nabucco”, avec des trompettes pas très justes, elle étonne d’autant qu’il n’y a pas de Verdi dans le programme chanté…
MASSENET, DONIZETTI…
Mais du Massenet. Rien à voir avec la Vierge (vraiment rien, ou alors, c’est ironique) puisque c’est un air de “Manon”, non “Adieu ma petite table” mais “Je marche sur tous les chemins” (dans l’acte, si ma mémoire est bonne, du Cours-la-Reine): Manon au sommet de sa vie de poule de luxe. Là aussi c’est charmant, les couleurs sont justes, la fraîcheur du timbre adorable, le français… particulier.
J’oubliais: il y avait eu (on était après l’entracte) un air de “Linda di Chamounix”. Pretty Yende avait changé de robe, soie blanche désormais avec un haut incrusté de brillants. “Linda di Chamounix”, c’est de Donizetti. Encore un mélo et un air, “O luce di quest’anima”, qui est une ode à l’amour même si, plus tard, l’amour rendra folle la malheureuse Linda. Les vocalises sont parfaites, désormais, la voix est chaude, la cavatine est impeccable, on dirait d’ailleurs du Bellini, comme l’air de “Béatrice de Tende” ressemblait à du Donizetti. “Linda di Chamounix” est l’introduction (mais il y aura Massenet au milieu, bizarre!) au plus célèbre “Air de la Folie” du répertoire, celui de “Lucia di Lamermoor” (que Yende a chantée cette saison à l’Opéra-Bastille) Donizetti encore: il y faut du souffle, un sens de la construction, un art de jouer, que Yende installe très habilement, au prix là aussi, dans le feu de l’histoire, de quelques notes inégales.
C) Gregor Hohenberg / Sony
LA DOUCEUR DE LA FOLIE
Mais elle joue sur son tempérament. Rien des héroïnes hagardes et terrifiées à la Natalie Dessay. Sa Lucia sombre dans la folie avec une douceur, un moelleux dans le chant, à la Desdémone. Le long passage en notes séparées sur des accords de flûtes voit l’émotion monter, la chanteuse est à nu, sentimentalement et vocalement. C’est très beau, presque insaisissable, et ce sera un triomphe.
Elle nous en récompensera. Toute heureuse de cet accueil, avec trois airs d’un bel cantisme échevelé dont un, très rare et… très connu: je veux dire de ceux que l’on croit connaître, dans un français mieux prononcé, et dont on se dit: “C’est du Berlioz, du Bizet, du Saint-Saëns?” Pas du tout: “Ombre légère” est dans “Le pardon de Ploërmel” de Meyerbeer. On est dans la pyrotechnie mais dans une pyrotechnie tout de même très musicale, Yende semble passer les obstacles les uns après les autres (et ils sont nombreux) avec une grâce folle et un amusement certain, elle est ovationnée, finit par s’effacer dans un bruissement de soie.
Ombre légère? Forte présence, plutôt.
Récital de Pretty Yende, soprano, orchestre de Picardie, direction Quentin Hindley: airs et morceaux orchestraux de Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi et Massenet. Théâtre des Champs-Elysées le 28 juin.
Comments Off on Culturebox: Pretty Yende, la nouvelle star africaine du chant
Pretty Yende’s star is in the ascent. After training at La Scala, Milan, she made her debut with Metropolitan Opera, New York, aged 27, stepping in at less than a month’s notice to sing in Le Comte Ory opposite Juan Diego Flórez. That was back in 2013, and since then she’s sung for opera houses around the world, making her Royal Opera debut in summer 2017 in L’elisir d’amore. A few weeks earlier her debut solo album A Journeywon the International Opera Award for Solo Recital Recording.
Yende’s discovery of opera is well-documented: aged 16, she heard Delibes’ Flower Duet from Lakmé on a British Airways television advert, and was immediately captivated. But of course her musical life predates that exposure, as she explains in an interview at the Royal Opera House:
‘Music for me was really planted way, way back. I remember days with my grandmother when she would teach me songs – you know, church hymns – and that’s where I started to sing. At home there was always music in the house, so the ear was accustomed to hearing sounds and melodies. And then of course to be introduced to opera in 2001 was a revelation.’
O: For most 16-year-olds, hearing opera is more “Ugh” than “Aha!” Not you, though.
Pretty Yende: In 2001, I was watching TV with my family when a British Airways commercial came on with the “Flower Duet” from Léo Delibes’s Lakmé. The voices captivated me—but I had no idea what it was. The next day I asked my teacher what I’d heard, and he told me it was opera. I’d planned to become an accountant, but those 30 seconds were powerful.
O: That’s a major career change. How did your family react?
PY: Well, there was a big meeting at the Yende residence. I was in my last year of high school, and I’d received a scholarship to a university. My parents thought opera should be just a hobby, but I knew I belonged in that world.
O: You’ve slipped into the corsets of Juliette in Roméo et Juliette and Rosina in The Barber of Seville. Is there a role you’re most proud of?
PY: Lucia in Donizetti’s Lucia di Lammermoor. I didn’t think I could sing that part—mostly because there hadn’t been many people who look like me perform it internationally. But I’ve done it in South Africa, Berlin, and Paris. That was all after the Met thing…
O: The Met thing?
PY: In 2013, I was asked to step in to play the lead role of Countess Adèle in Rossini’s Le Comte Ory at the Metropolitan Opera. I had one week to learn the entire score—in French. On opening night, I tripped on a stair and fell down to my knees, onstage! But after that, my fear went away. Performing isn’t all glitz and glamour; it’s a service you provide to 4,000 people sharing a moment.
Yende has shared the stage with the likes of opera icons like Andrea Bocelli and recently headlined new production Romeo et Juliette at the Metropolitan Opera House in New York City.
She released her debut album A Journey last year. Yende has taken US television by storm gracing TV shows such as The Late Show with Stephen Colbert and The Wendy Williams Show, that’s if she is not rubbing shoulders with Oprah Winfrey and Whoopi Goldberg. She just got her Anna Wintour stamp of approval after she was featured in the latest issue of American Vogue magazine.
Paris demeure une capitale culturelle à de nombreux égards, en particulier dans le domaine de la musique. Ainsi peut-on y entendre à une semaine d’intervalle la soprano sud-africaine Pretty Yende et le ténor français Benjamin Bernheim, deux voix déjà affirmées, l’une à l’Opéra de Paris dans le rôle-titre de Lucia di Lammermoor, l’autre à Eléphant Paname, dans le cadre de l’excellente série L’instant lyrique, pour son premier récital parisien.
Pretty Yende, née à Piet Retief, en Afrique du Sud, a grandi dans un township durant les dernières années de l’apartheid. Et c’est à la télévision, en entendant dans un spot publicitaire, le duo des fleurs du Lakmé de Léo Delibes qu’elle a un coup de foudre pour la voix, pour l’opéra, pour cet imaginaire qui lui permet de s’évader d’un quotidien terne. A 16 ans, elle remporte un concours de chant et passe dans la foulée une audition au Collège de musique d’Afrique du Sud, à l’Université du Cap. Bien sûr, couleur oblige, on lui fait chanter Clara dans Porgy and Bess lors d’une tournée de l’Opéra du Cap au Royaume-Uni, ce qui lui permet de se faire applaudir dans l’air le plus célèbre de l’opéra de Gershwin, Summertime. Et puis, elle remporte le concours Bellini, intègre l’académie lyrique de la Scala, remporte le Concours du Belvédère à Vienne (dans les deux catégories, opéra et opérette) et, en 2011, remporte le fameux Concours Operalia : le monde lyrique international la découvre alors. Elle débute deux ans plus tard au Metropolitan Opera de New York, puis tous les Opéras du monde font appel à elle, l’Opéra Bastille entre autres où on l’entend au printemps 2016 en Rosina du Barbier de Séville, avant qu’on ne l’y retrouve donc, en ce mois de novembre, éblouissante, en Lucia … mais c’est la présence électrisante de Pretty Yende qui donne sa lumière à cette soirée. La voix est riche, l’intonation parfaite, les nuances élégantes, les phrasés gracieux, les aigus scintillants, la présence dramatique intense (ce qui lui vaut une rare standing ovation de tout le public à l’issue de la célèbre scène de la folie) : Pretty Yende est bien une de ces stars capables d’entrainer toute une salle.
Yende delivered an inspiring rendition of Una Voce Poco Fa from the Metropolitan Opera production of The Barber of Seville, earning her a standing ovation. She portrays Rosina in the current season of the opera.